par Claudine Charamnac Stupar | Mar 13, 2021 | Actus livre jeunesse, Nos actus
Nous allons attraper la littérature jeunesse …par le bout de la langue ! avec ces livres qui font de la langue, des mots et des expressions, leur sujet et avec ceux pour qui le récit, le conte, la poésie, l’album, ne sont que des prétextes à des jeux de langue hilarants et une créativité verbale sans limites. Du babil du bébé au rap adolescent, le jeune humain déguste et mâche les mots et par là, entre en littérature.
Claudine Charamnac Stupar
par Régis Lefort | Déc 18, 2020 | Suppléments à la revue / Articles
L’intérêt particulier de l’album se situe en premier lieu dans la variation de l’énonciation :
– un première partie (pp. 4-9) au présent de l’indicatif, dont les valeurs sont diverses
– une seconde partie (pp. 10-19) à l’infinitif, temps qui, associé à la nature poétique du texte, prend des valeurs diverses également (a temporalité ou ancrage dans le moment de l’énonciation ou le moment de l’histoire)
– une troisième partie (pp. 20-33) au passé simple de l’indicatif, temps du récit, avec un dernier énoncé (p. 32) qui renvoie au moment de l’énonciation ; autre énonciation intéressante : le conditionnel de la p. 20 qui permet d’entrer dans une virtualité des pages 22 et 23 (représentant les yeux du lion dans lesquels Yakouba est susceptible de lire la pensée de l’animal).
Les pages 10-11 présentent un moment de bascule du texte ( “Il faut apporter la preuve de son courage, et seul, affronter le lion”) avec la formulation “Il faut”, celui qui permet de passer d’un type de texte injonctif à une sorte de discours narrativisé à l’infinitif (on pourrait éventuellement penser que l’expression “il faut” est en facteur commun pour employer une terminologie mathématique), et entrer dans le poétique (“se sentir rocher […] herbe […] vent […] eau”).
1. Lecture magistrale de l’album en omettant les pages de la deuxième partie. Distribution, dans 6 groupes de 4, des images de l’album dans l’ordre. Rédiger la partie manquante.
2. Mise en commun des productions et analyse. Vraisemblablement, le narratif devrait être privilégié (énonciation au passé simple/imparfait). Il s’agit alors, d’une part, d’analyser les choix énonciatifs dans les productions et les justifier en prélevant différents indices dans le texte (nécessité de définir également les valeurs du présent : de narration ? d’énonciation ? de vérité générale ? d’habitude ?) : action que les images représentent, il s’agit d’une initiation, il s’agit d’un jour particulier (répétition avec “C’est un jour de fête”, “C’est un jour sacré”, “C’est un grand jour”), puis lien avec le texte de la troisième partie pour laquelle les verbes sont au passé simple de l’indicatif, l’emploi du connecteur temporel et logique “alors” qui suppose que d’autres actions ont eu lieu auparavant, l’expression page 25 “lion épuisé” peut initier l’idée qu’il y a eu combat entre Yakouba et le lion, etc.
D’autre part, on confronte les productions au texte lui-même afin d’envisager les raisons pour lesquelles l’auteur a choisi ce type d’énonciation (dimension philosophique ou morale de l’histoire ; initiation qui peut se prolonger vers une initiation du lecteur). Il est possible d’envisager un tableau du type grille sémique à partir d’expressions qui seraient équivalentes (injonctif avec “il faut”, impératif, infinitif) en particulier pour dégager la valeur poétique liée à l’emploi de l’infinitif, temps du non-temps, de l’habituel ou du perpétué ; envisager à chaque fois la temporalité et le procès du verbe. On peut définir des sèmes pour chacune des expressions choisies afin d’affiner le sens.
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Emetteur |
Destinataire |
Nature des propos
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Se sentir rocher…
herbe… vent… eau
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Multiple ou
indéterminé
Non identifiable
précisément
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Multiple ou
indéterminé
Non identifiable
précisément
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Poétique
Monologue intérieur
injonctif
Injonction |
Il faut se sentir
rocher…
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Non
essentiellement
déterminé mais
identifiable |
Yakouba et tout autre
jeune qui sera initié
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Injonction
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Sens-toi rocher… |
Yakouba ou
émetteur
identifiable
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Yakouba |
Monologue intérieur
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3. Avec des élèves, il faudrait, selon l’axe déterminé pour l’étude, constituer une fiche outil “ouverte” que l’on enrichirait et qui permettrait par la suite de définir d’autres utilisations de l’infinitif. Dans tous les cas, le contexte est important, voire décisif. Il faut conclure que le choix énonciatif reste déterminant pour constituer le sens du texte (grammaire de discours).
Régis Lefort
par Maylis Cormont | Déc 11, 2020 | Actus livre jeunesse, Nos actus
Clôturant les thématiques littéraires de l’année 2020 par une allusion à La Pléiade, Défense et Illustration de la littérature jeunesse est un N° spécial de 108 pages qui s’attaque à la question de la reconnaissance de la LEJ qui malgré l’apparent triomphe économique ou la légitimation universitaire, pâtit du manque de considération accordé à une sous-littérature. Les voix diverses convergent vers deux interrogations majeures et faussement simples : en quoi la littérature jeunesse est -elle littéraire ? qu’est-ce que le lecteur de cette littérature dite jeunesse ?
par Claudine Charamnac Stupar | Nov 7, 2020 | Suppléments à la revue / Lectures
Martin Jarrie, Imagier du vivant–
Seuil jeunesse, oct 2020, 15,50€ – 9791023513394. Pour tous
Pour tous, ce grand imagier est d’abord un beau livre, livre d’art, à contempler les peintures de Martin Jarrie fascinantes par leur hyperréalisme, leur perfection mais aussi une patte /et une pâte artisanales qui donnent à sentir le velouté de l’abricot ou l’épaisseur de la laine du mouton. Animaux ou végétaux représentés sont ceux de la ferme, de l’enfance dit Jarrie. La double page joue sur la double vue externe/interne, la noix et son intérieur, sur des liens métonymiques (lapin/carotte, tulipe/oignon), ou parfois de subtiles comparaisons de couleur par exemple l’écureuil et le potimarron. Ce côté ludique plaira aux plus jeunes quand les grands ne resteront pas insensibles à une forme de nostalgie.
Elisabeth Brami, Chloé du Colombier- Mimimagier
Casterman, 2020, 13,90€, 9782203208322 Pour les bébés
Très intéressant, ce mini-imagier ! très mimi, aussi par ses dessins simples et vraiment charmants mais le mimi du titre fait référence à des mimiques, soit une gestuelle élémentaire que le bébé va associer à un mot ou son comme allo, beurk, coucou ou bravo, mots que prononcera l’adulte. Remarquable cette entrée dans le langage et la communication qui s’appuie aussi sur un premier usage du livre !
Marian Ruiz Johnson- Boum ! le grand imagier des onomatopées.
Rue du monde, 20209782355046292
Bien différent, cet imagier de Rue du Monde qui prétend imager des bruits ! Images en situation, complexes, d’une vie de famille dans lesquels les bruits sont associés à une activité : tant le ronron du chat que le pschitt de maman qui se parfume ! Il y ainsi une suite qui rend le livre agréable à observer. Le plus intéressant est que cet album en fait est un apprentissage des codes et conventions de la représentation (tic tac, boum, slurp), ce qu’on trouvera à lire ensuite en BD ou tout autre littérature bien française où les chiens font waf waf, les pompiers pin pon et les téléphones bla bla bla.
Claudine Charamnac Stupar
par Claudine Charamnac Stupar | Oct 6, 2020 | Lecture bonus
Emilie Chazerand, Amandine Piu- Grizzli virus
L’élan vert, 2019, 12,70€ -9782844555205. Album 5ans et plus
Déjà, elle se nomme Léonie Bisette…et elle est minuscule avec une bouille rousse sous son bonnet à gros pompon…et elle éternue tout le temps. Bon, les allergies, et les rhumes, c’est banal, mais Léonie éternue…des grizzlis ! « Elle a déjà éternué au moins trois zoos ! » Voyez le ton. Mais moins drôle, la voilà employée, que dis-je, esclave d’un abominable mercantile qui l’enrhume méthodiquement pour qu’elle produise à la chaine des grizzlis qu’il vend fort cher, ayant créé un engouement pour les grizzlis domestiques. Il se trouve toujours quelqu’un pour exploiter les misères ! A force de bains de glaçons et autres maltraitances, Léonie « s’auto-immunise » enfin ! plus de grizzlis et fin de Jean Félix Larnac. Epilogue: Léonie, virée, pleure… des crocodiles, mais c’est une autre histoire.
Antérieur au « pangolin virus covid 19 », voilà donc l’histoire d’un grizzli virus 19 : ap/paru en effet en janvier 19, il avait échappé à nos radars, à notre attention et nous reconnaissons la faute dans ce retard à avertir nos lecteurs, espérons qu’il ne sera pas trop tard…pour lire cet album aux dessins très amusants et qui immunise contre la cupidité et les arnaqueurs en tous genres. Jamais trop tôt.
Claudine Charamnac Stupar