Edito
Fées et sorcières sont parentes, l’une et l’autre sont des archétypes du féminin. L’une et l’autre ont toujours suscité un attrait puissant mêlé d’effroi. Bénéfiques ou maléfiques, elles sont des séductrices. Comme les Parques dont elles sont les lointaines descendantes elles tiennent dans leurs mains les fils de la vie. A la fois du côté d’Eros et de Thanatos, elles détiennent le suprême pouvoir. Et le pouvoir des femmes n’est pas acceptable dans un ordre patriarcal. On sait ce qu’il en aura coûté de bûchers… A travers l’histoire de Mélusine et ses représentations dans les miniatures médiévales, Aude-Lise Barraud interroge l’image ambiguë que ces peintres ont donnée de la féminité. Anne Chassagnol et Marianne Bérissi analysent l’évolution de l’image des fées et des sorcières en littérature de jeunesse et regrettent de constater que l’édition contemporaine les cantonne dans « un genre plutôt médiocre ». Fées vouées au rose et au sirupeux, sorcières tournées en dérision : d’un côté la mièvrerie, de l’autre le comique. Et elles s’accordent sur le fait que fées et sorcières ont en commun d’être de plus en plus érotisées. Les studios Disney sont passés par là : taille fine, poitrine pulpeuse que révèle un décolleté plongeant, fesses galbées et jambes fuselées mises en valeur par une robe moulante…. Elles ont décidément « mauvais genre » ! Mais fées et sorcières sont filles de la nature. Leurs connaissances des vertus des plantes, leur maîtrise des éléments sont constitutives de leur être. A cela l’illustratrice Miss Clara est particulièrement sensible, cherchant par les matériaux, le façonnage, à capturer l’invisible. A travers les mots, les images, la musique de la langue, l’auteur et conteuse Sylvie Folmer, elle, tente de capturer l’indicible. Et si, loin des pastiches, de la dérision, se trouvait là le vrai domaine des fées et des sorcières ?
Bernadette Poulou, Directrice NVL
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