Pierre Mornet - Etagère du bas
Dans cet album édité une première fois en 2013 par Autrement Jeunesse, ce sont les illustrations qui « frappent » en premier lieu. Sorte de miroir du texte, très oniriques, elles rappellent les tableaux de Magritte. Le texte sublime, poétique, transporte et fait corps avec les illustrations. On ne sait pas d’ailleurs qui est premier, le texte ou l’image ? Une force et une sensibilité qui collent complètement à l’histoire. Nous sommes dans un monde entre rêve et veille, entre jour et nuit. La première illustration donne le ton : une femme tombe et dit : « Suis-je en train de rêver ? Tout cela me semble bien irréel. » Cette interrogation fait toute la beauté de l’ouvrage. Elle va « retomber en enfance ». Elle se souvient de son anniversaire où une partie de cache-cache l’emmène dans un parcours initiatique à travers la forêt, l’orage, les flots puis à la rencontre avec « l’amie qu’elle attendait » faite prisonnière par la reine de la nuit. Jean Claude Bonnet
C’est elle qui donnera son accord pour des retrouvailles. Ce sera pour chaque anniversaire, exceptionnellement, même si nuit et jour, soleil et étoiles ne se rencontrent pas. On peut se poser la question : cette amie n’est-elle pas son miroir, ce que suggère une page où chacune semble être le reflet de l’autre : parce que c’était elle, parce que c’était moi ? En exergue de l’album, cette phrase tirée d’Aurélia de Gérard de Nerval : « Le rêve est une seconde vie ». Sûr que l’enfant se retrouvera dans cette histoire. Sûr que cet album sera aussi pour lui une rencontre avec l’art. Une réussite !