Redek et Pierro - Albin Michel
Le sous-titre de l’oeuvre est explicite : 18 conversations désopilantes (et néanmoins érudites) sur la littérature. C’est très précisément cela et remarquablement réussi. Claudine Charamnac-Stupar
En effet, ce sont des « conversations » entre Redek et Pierro qui font songer à Usbek et Rica des Lettres Persanes de Montesquieu, on y devise gaiement et sans tabou de sujets fort sérieux, l’un jouant le
pédagogue, l’autre le Candide souvent impertinent, et comme Redek et Pierro sont des jeunes du XXIe siècle, langage et références sont codés djeun’s et très savoureux !
En effet, c’est « désopilant »… à cause de leur attitude particulièrement irrévérencieuse vis -à-vis de ces oeuvres du Panthéon littéraire que sont Les Misérables, Phèdre, Les Fleurs du Mal ou La Comédie Humaine. 18 grands classiques sont ainsi abordés d’abord par un résumé qui va faire hurler les puristes ! Phèdre est une « histoire de belle -mère cougar », l’oeuvre de Louise Labé est « un one-shot génial au beau milieu de la Renaissance » et dans Les Misérables, il y a « plus d’héroïsme que dans Star Wars, plus de trahison que dans Le Parrain, plus de larmes que dans N’oublie jamais » etc… Car leur truc pour faire lire ces classiques, c’est de les comparer à des oeuvres de la pop culture qui vont parler aux ados concernés (bon, vous et moi, pas toujours !), Transformers, Dead Pool, ou les films de zombies, Norman ou les mèmes (ah ?! eh non, il n’y a pas de faute et vous allez comme moi découvrir que les mèmes sont « les gifs, les mots-dièses et ce qui circule sur internet »… !) ou Marvel pour aborder une vision synthétique de La Comédie Humaine de Balzac.
Car en effet c’est très érudit, et les puristes auraient grand tort de se boucher le nez, l’analyse du sonnet chez Ronsard est bluffante, et montrer que Tarantino n’a rien compris à la notion de catharsis qui sera alors finement analysée chez Racine… vous laisse conquis. Vous regretterez que votre prof de littérature ne
vous ait pas parlé ainsi quand vous peiniez sur Phèdre ou Le Misanthrope. Recommandé à tout lycéen préparant le bac de Français… et au-delà ! Et à tout professeur de lettres cherchant à faire aimer …ce qu’il aime.