Edito
Dissensuel, discordant, difficile… Discriminations 2, ce numéro a parfois divisé la rédaction, le comité de lecture, les conversations amicales jusqu’à ne plus savoir que penser. Jusqu’à notre accord final sur la nécessité de la nuance en toute chose…
Après Réécritures-Nouvelles censures (N° 228), qui ouvrait cette réflexion sur les offenses que constituaient certains ouvrages pour des minorités, nous devions regarder la littérature jeunesse au prisme des discriminations liées aux origines ethniques, couleurs, cultures, religions… que le terme de racisme résume et Pierre Bruno pose les termes du débat dans ses formes les plus actuelles. La littérature jeunesse est-elle raciste ?! Par son histoire comme son ancrage dans l’éducation, la littérature jeunesse récuse vivement toute position raciste du moins consciente, promeut la diversité dans des albums, documentaires ou romans si nombreux que leur abondance menaçait d’engloutir toute velléité critique. Afin d’éviter de nous endormir dans la bien-pensance et les généralités, nous avons donc resserré notre focus sur la seule question noire, pris le risque de nous colleter avec la seule couleur de peau. Noire. Pas de black, d’enfants de couleur ni d’afrodescendants. Position délicate mais justifiée par les revendications multipliées de mères « noires de France » se disant « racisées » et se plaignant que les livres jeunesse ne présentent que des enfants « désespérément blancs ».
Bernadette Poulou déplie donc le contexte de ces revendications tandis que Véronique Francis et Sarah Ghelam passent au crible les albums montrant la rareté de l’enfant noir ou la perpétuation des stéréotypes et Elodie Malanda écoute les auteures noires pour les enfants également invisibilisées, obligées de publier hors des circuits traditionnels. Mais les accusations d’appropriation culturelle contre Alma, le roman de Timothée de Fombelle, et son héroïne africaine au temps de l’esclavage, ont conduit Marianne Bérissi et Régis Lefort à une analyse fine pour en défendre la puissance littéraire et à un entretien avec l’auteur. Et Claudine Stupar propose une sélection d’ouvrages récents sur l’enfant noir, interrogeant l’ambigüité des revendications des « mamans noires et invisibles » (titre de Diariatou Kebe). La Légothèque de l’ABF ajoute à la réflexion des conseils concrets sur le thème de la diversité en bibliothèque. Et retrouvez sur le site article de fond et témoignage en compléments à ce riche numéro.
La thématique des discriminations sera poursuivie dans le numéro de décembre avec la question du genre et jusqu’en 2022, car ces questions sociétales dessinent et composent en fait la problèmatique du lecteur, de ses identifications et de son rapport à la lecture. Rendez-vous en mars pour cette passionnante réflexion. N’oubliez pas de vous réabonner dès maintenant et avant Février 2022 !!
Claudine Charamnac-Stupar
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