Mathieu Sylvander - Ecole des Loisirs

Illustrateur : Perceval Barrier

La fable se termine par le triomphe de la morale et tout va bien. Mais pourquoi encombrer les jeunes lecteurs de tant de roueries complexes et peu réalistes pour arriver à ses fins ? Béatrice l’intrépide héroïne, combat et possède tous les attributs des chevaliers tandis qu’elle confie les tâches ménagères à ses acolytes François-les-bas-bleus et Jean-Claude qu’elle domine et manipule. L’auteur utilise en subterfuge l’illustre conte du Joueur de flûte qui utilise le son du fifre pour débarrasser la ville de tous ses rats maléfiques et qualifiés de « démons ». Jean Claude a décidé de transformer les voleurs en rats pour mieux voler les pièces d’or du Roi et ses pierres précieuses … afin de les offrir à sa fille, la princesse, pour la séduire et capter son amour car, pour le moment, elle ne regarde pas François prêt à tout pour l’épouser ! La stratégie échoue et tant mieux car on incite le jeune à rêver « d’embrouilles » et d’astuces peu recommandables pour avoir le dessus.
Le livre est modernisé en faisant vivre les chevaliers à l’ancienne tout en y mêlant le téléphone, les pizzas, des comportements et raisonnements de Business Woman où l’argent est roi pour posséder quelqu’un et forcer ses sentiments. Bien sûr il y a des petites phrases pour rattraper les valeurs mais cela ne contrebalance pas les procédés proposés pour avoir le dessus ! Le lecteur est plus entrainé vers l’admiration de l’astuce qui a des chances de réussir que vers des comportements respectueux d’autrui. Si le lecteur joue du livre pour s’amuser et rire, c’est très bien mais ceux qui, plus naïfs, peuvent lire le texte au premier degré seront captifs des impressions fortes et incitatives à la rouerie. L’illustration aide cependant à le voir comme une lecture humoristique caricaturale.

Paule Bloch